Large pieces of artwork by Gao Xiao Wu in his Beijing studio.
Mode de vie

Art contemporain en Chine

La scène artistique de Beijing déborde d’artistes qui ont quelque chose à dire, et le monde entier écoute.

A greeter stands before one of Gao Xiao Wu’s fiberglass creations at the entrance to the Peninsula Beijing (photo by Peter Guenzel).
L'hôte en blouse blanche se tient devant l’une des créations en fibre de verre de Gao Xiao Wu.

Trois personnages en livrée blanche nous accueillent à la porte du Peninsula Beijing, mais un seul est humain. Les deux autres, au sourire étrange et portant nœud papillon rose, sont des créations de fibre de verre du sculpteur renommé Gao Xiao Wu.

Il n’est pas exagéré de dire que l’art est partout dans cette ville de 22 millions d’habitants. La majestueuse Cité interdite, qui sera six fois centenaire en 2020, abrite le musée du Palais, trois fois plus grand que celui du Louvre à Paris. La ville compte les meilleures écoles d’art du pays : l’Académie centrale des beaux-arts et l’Académie des arts et du design de l’université Tsinghua.

Les festivals artistiques et culturels locaux prospèrent et de nombreuses visites privées offrent aux collectionneurs la possibilité de faire la tournée des studios et des quartiers. L’Espace 798 (Art District 798) à lui seul compte plus de 200 galeries, dont les avant-postes internationaux de la Pace Gallery de New York et de la Galleria Continua d’Italie.

« Beijing a 10 grands musées d’art, qui valent tous le détour », affirme Meg Maggio, une Bostonienne qui a ouvert la galerie Pékin Fine Arts en 2005. « Tous les grands hôtels de luxe et les tours de bureaux en Chine ont des espaces d’art publics, quand ce ne sont pas des collections permanentes et des musées privés. »

Ce qui fait la force des arts dans la capitale, c’est, comme tant de choses à Beijing, le mariage du passé et du présent. « Le patrimoine artistique est une priorité ici, héritage naturel du Musée du Palais et de longues traditions de peinture, de calligraphie, de sculptures bouddhistes, de gravure de sceaux et d’artisanat en général », explique Mme Maggio. « Depuis la nuit des temps, la culture chinoise accordait priorité aux arts, à la musique, au théâtre et à la danse. Et ces traditions renaissantes sont soutenues par l’État et par le peuple à la base. »

A sculpture of a red dinosaur in a cage made by artist Sui Jianguo on display in Beijing’s 798 Art District.
“Jurassic Age” (2006) sculpture par Sui Jianguo dans le quartier artistique 798 (photo par Matjaž Tančič).

Les artistes à Beijing seulement se comptent par « dizaines de milliers », dit Brian Wallace, un Australien qui a ouvert la Red Gate Gallery, première galerie d’art contemporain privée en Chine, en 1991. « À environ une heure de Beijing se trouve ‘le village des 10 000 artistes’ – Songzhuang – où une personne sur deux est un artiste. » Non seulement la prédominance de l’art est remarquable, mais aussi la qualité, où M. Wallace voit le résultat d’une éducation exceptionnelle. « Les écoles sont fantastiques », souligne-t-il. « Le savoir-faire des artistes dans tous les médias est remarquable, car les compétences de base sont inculquées par une formation et un enseignement très rigoureux. Les techniques de dessin et de croquis sont intégrées avant même l’entrée à l’université. »

Forte d’une imagination sans fin, l’étendue des œuvres d’art est aussi variée et enthousiasmante que partout, avec l’énorme changement et le développement rapide des trente dernières années qui ont créé un puits profond d’inspiration. « Le fil conducteur de tout l’art contemporain chinois est un commentaire de ce qui se passe ici en Chine », indique M. Wallace. « C’est ce qu’il y a eu de formidable depuis les années 80 et qui reflète ce qui se passe en général – les libertés personnelles que les gens ont maintenant sont tout simplement incroyables, même si les autorités actuelles tentent de les limiter quelque peu. »

« Les artistes savent jusqu’où ils peuvent aller », ajoute-t-il. « Et ça peut être également très subtil. Ou parfois, l’œuvre est tout simplement d’une pure beauté. Ni peut-être politique, ni peut-être un commentaire cinglant. Tout simplement le jardin secret de l’artiste. »

Pour certains, leur jardin secret a été une mine d’or, notamment durant le boom d’art contemporain que la ville a connu au milieu des années 2000.

Two works by Shen Jingdong on display in Beijing’s 798 Art District.
Deux œuvres de Shen Jingdong dans le quartier artistique 798: «Bluetooth Soldier Earphones» et «Little Angel» (photo de Matjaž Tančič).

Académie des arts

Dans une visite privée organisée par l’hôtel Peninsula Beijing dans son programme Peninsula Academy, le sculpteur Gao accueille les visiteurs à son grand studio, qui est plutôt une série tentaculaire d’unités industrielles. Il sourit en expliquant comment il s’est entraîné à « porter un masque pour s’intégrer à la société » – ce qui lui a inspiré les personnages qui s’inclinent dans le lobby du Peninsula. Il parle de l’utilisation de cornes qui ressemblent à des branches d’arbre pour signifier le renouveau et explique qu’un nouveau-né géant, recroquevillé comme s’il sortait du ventre de sa mère, a été conçu après la naissance de sa fille. Les statues de lions servant à éloigner les esprits malins depuis des temps immémoriaux sont plus amusantes que féroces dans les mains de Gao. « Les jeunes ne respectent plus ces symboles traditionnels, alors je crée des lions qui ressemblent à des animaux familiers. »

Une visite chez Wu Qiong, dont les œuvres sont également exposées au Peninsula Beijing, donne un aperçu fascinant d’une personnalité complexe. Dans la maison, des oiseaux chantent et l’eau murmure dans un bassin de carpes colorées. Des toiles figuratives aux nuances pastel semblent tirées d’un conte illustré et les sculptures de garçons tatoués qui ont fait la popularité de Wu ont toutes des expressions émerveillées. Mais certaines toiles à l’atmosphère sombre remontant aux années d’école de Wu contrastent avec l’innocence dépeinte dans ses œuvres actuelles – jusqu’à ce que Wu explique pourquoi la plupart de ses personnages ont les yeux fermés. « Ils sont dans le monde des rêves, qui est plus joyeux que le monde réel. »

Si insouciants que semblent beaucoup de gens à Beijing, les courants sous-jacents ne sont pas toujours évidents pour un étranger. Wu est né en 1981 – cinq ans après la fin de la Révolution culturelle – mais la génération précédente a été très affectée par les politiques de harcèlement et de destruction de Mao Zedong. Les artistes plus vieux ont vécu des expériences personnelles dévastatrices, dit M. Wallace. « Dieu sait tout ce que leurs familles ont subi. » Ou, comme dans le cas de Nong Shaohua, que M. Wallace représente, ils n’ont parfois jamais eu la possibilité d’étudier leur art. « Il a 59 ans, il est autodidacte et ne travaille comme peintre que depuis six ou sept ans. Il a travaillé dans les mines de charbon de la province du Shanxi. Il a vécu une vie de misère, difficile, et c’est l’imagerie qu’il évacue, dont il se libère. »

A white room filled with installations of light.
«Vanishing into Thin Air» de Yang Mushi à la galerie Urs Meile dans le 798 Art District (avec la permission de la galerie).

Tout à côté

Brian Wallace est l’un des nombreux galeristes de Beijing qui migrent chaque année en mars pour le salon Art Basel Hong Kong, tenu pour la première fois en 2013. Rassemblant artistes nationaux et internationaux, cette foire d’art contemporain permet plus facilement aux visiteurs du continent de voir beaucoup plus d’œuvres et de développer leurs goûts, dit M. Wallace. Ce contact avec l’art occidental, de même qu’avec la mode, les bijoux et d’autres formes de design, a créé un public plus raffiné qui commence à diriger son regard au-delà des marques mondiales vers ses propres créateurs. En février, Business of Fashion indiquait que les marques chinoises Nanjiren, Bosideng, Bauo et Chando avaient surclassé les marques étrangères plus coûteuses comme meilleurs vendeurs sur la plateforme de commerce électronique Tmall appartenant à Alibaba pendant la période des ventes du Nouvel An chinois.

De même, les artistes chinois sont maintenant prophètes en leur pays. « Ils ne recherchent plus autant une validation à l’étranger, car le marché intérieur a mûri et grandi de façon remarquable », dit Mme Maggio. Cela dit, des noms comme Qiu Zhijie, Liu Wei, Zhang Xiaogang, Cao Fei et Zeng Fanzhi sont des habitués de la scène artistique internationale, ayant participé aux grandes biennales et exposé dans des musées tels que le Guggenheim, le Centre Pompidou et la Tate Gallery.

« J’entre rarement chez un grand collectionneur occidental sans remarquer un artiste chinois ou asiatique dans ses collections », affirme Mme Maggio. « Le monde ne suit plus de modes géographiques ou ethniques. Les artistes évoluent dans un univers mondialisé. »

HAUTS LIEUX DE L’ART CONTEMPORAIN À BEIJING

Les possibilités d’admirer l’art contemporain à Beijing ne manquent pas, mais gardez à l’esprit que les expositions sont souvent très courues. Time Out Beijing et That’s Beijing vous renseigneront sur les expositions en cours et les grands salons artistiques.

Espace 798

L’Espace 798 (Art District 798) est un incontournable pour l’architecture Bauhaus, les amateurs de galeries d’art passionnés de mode et l’ambiance alternative rafraîchissante. Les œuvres vont du commercial au conceptuel, avec toutes les nuances entre les deux.

Académie centrale des beaux-arts

Largement reconnue comme la meilleure école de beaux-arts en Chine, la « CAFA » abrite un musée conçu par Arata Isozaki (qui a signé le Musée d’art contemporain de Los Angeles) qui vaut déjà le détour pour sa seule architecture.

Musée d’art contemporain de Beijing

Le « MoCA Beijing » est situé à Songzhuang, « le village des 10 000 artistes », qui tient son propre festival artistique annuel en automne. Des expositions l’année durant ont souvent lieu en partenariat avec des musées internationaux.

Musée national d’art de Chine

Le mandat du « NAMOC » est la collection, la recherche et l’exposition d’art chinois historique et contemporain, y compris des œuvres, costumes et cerfs-volants de la Chine impériale.

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